1.24.2011

Comment Ben Ali tentait d'identifier les utilisateurs de Facebook

Pour la première fois, Facebook détaille comment, au plus fort de la contestation qui a conduit à la chute du régime de Ben Ali, celui-ci a essayé de mettre la main sur les identifiants des utilisateurs tunisiens du célèbre réseau social.
Par Sébastian SEIBT (texte)
 
"Nous n’avions jamais rencontré de problème de sécurité de l’ampleur de celui qui a eu lieu en Tunisie." Facebook a détaillé, ce week-end, la bataille qu'il a mené pour contrer les tentatives du régime de Zine El-Abidine Ben Ali de récupérer les identifiants des utilisateurs tunisiens du célèbre réseau social durant l'agitation qui a conduit à la fuite de l'ancien président. Une opération de communication qui confère, certes, le beau rôle à la star du Web 2.0, mais jette aussi une lumière crue sur la façon dont le pouvoir tentait de contrôler l’accès au Net.
Dans un entretien accordé, ce lundi, au mensuel culturel américain "The Atlantic", Ted Sullivan, le responsable de la sécurité au sein de Facebook, revient sur l'incident. Tout a commencé pendant les fêtes de fin d’année, explique-t-il. Plusieurs utilisateurs tunisiens se plaignent alors d’avoir vu leur compte Facebook effacé.
Les internautes tunisiens, en ébullition à la suite de l'immolation du jeune Mohamed Bouazizi, à Sidi Bouzid, le 17 décembre, craignent une censure. Dans un premier temps, Facebook n’arrive pas à identifier le problème.
Posture apolitique
Au final, il faudra une dizaine de jours à l’équipe de Ted Sullivan pour comprendre ce qui se trame dans le pays. "Le principal fournisseur d’accès à Internet (FAI) [tunisien] avait mis en place un système sans précédent pour récupérer les identifiants et les mots de passe des Tunisiens inscrits sur Facebook", explique celui-ci. Le réseau social accuse, sans la nommer, l’Agence tunisienne d’Internet (ATI) de s’être adonnée au plaisir du piratage informatique.
L'organisme, qui dépend du ministère des Télécommunications, a injecté sur la page de connexion à Facebook un mouchard permettant d’enregistrer l'adresse électronique et le mot de passe que les utilisateurs écrivaient en se connectant.
Codes malicieux en ligne
Pour contourner le problème, Facebook a mis en place une page de connexion sécurisée (une adresse "https" au lieu de "http") pour tous les Tunisiens. L’internaute qui voulait accéder à son compte devait en outre confirmer son identité en répondant à une question de sécurité. Deux mesures qui, d’après Ted Sullivan, ont suffi à éviter que le régime de Ben Ali puisse effacer ou modifier leurs comptes Facebook.
La firme de Mark Zuckerberg s’est donc vue entraînée dans un événement politique majeur. "Nous avons décidé de traiter cela comme un simple problème technique et de garder une posture apolitique", explique cependant Ted Sullivan. C’est pourquoi le groupe américain a attendu que l’ex-président Ben Ali quitte le pouvoir pour révéler l’histoire.
Cet épisode confirme, quoi qu'il en soit, le contrôle étroit sur le Net tunisien dénoncé depuis plusieurs mois aussi bien par les Tunisiens que par des organisations internationales de défense de la liberté d'expression. En juillet 2010, le réseau internet Global Voices s’était ainsi ému d’une tentative des autorités de récupérer les identifiants des abonnés à Gmail, la messagerie électronique de Google.
Le 3 janvier, les codes malicieux censés permettre au pouvoir tunisien de contrôler l’accès à Gmail, Yahoo Mail et Facebook ont même été publiés sur Internet.

1.23.2011

Révélations Wikileaks. Enquête détaillée sur la corruption à Sonatrach

Non publions la traduction en français du câble wikileaks qui révèle l’enquête détaillée réalisée en 2010 par l’ambassadeur David D. Pearce sur la corruption à Sonatrach








Classifié par : l’ambassadeur David D. Pearce. Raisons : 1.4(b), (d) (2010)
SUJET : ALGÉRIE : ENQUÊTE SUR LA CORRUPTION DE DIRECTEURS DE LA COMPAGNIE PÉTROLIÈRE NATIONALE
1. (C/NF) Huit directeurs de la compagnie pétrolière nationale algérienne Sonatrach, incluant le Directeur Général, sont sous une enquête de corruption et ont été licenciés et remplacés. Les initiés de l’industrie ont peur que les opérations de la compagnie ne soient bientôt affectées. Les services de renseignement algériens mènent l’enquête. Ce scandale est le dernier d’une série spectaculaire d’investigations et de poursuites que nous avons observé depuis un an, impliquant des ministres du gouvernement algérien et des entreprises publiques. Significativement, la plupart des ministères concernés sont dirigés par des ministres considérés comme proches du Président algérien Bouteflika, dont le ministre de l’Energie/Mines Chakib Khelil. Les spéculations vont bon train à propos du fait que les querelles intestines entre les dirigeants civils et militaires seraient derrière cette affaire, mais nous n’avons pas de preuve tangible. Le silence déterminé de Bouteflika ne fait qu’alimenter l’incertitude. Fin du résumé.
Huit hauts fonctionnaires impliqués
2. (U) Un scandale de corruption a éclaté, impliquant la plus grande entreprise d’Algérie, la compagnie d’État ayant le monopole sur le pétrole et le gaz, Sonatrach. Les premiers rapports de presse relatent que le 14 janvier un juge d’instruction a ordonné au PDG de Sonatrach Mohamed Meziane, au vice-président des pipelines Benamar Zenasni, au vice-président des activités en amont Boumediene Belkacem, et cinq autres cadres de la compagnie de répondre à des questions concernant des allégations d’irrégularités dans l’attribution de contrats à deux entreprises de consultation appartenant aux fils de Meziane et un fournisseur d’équipement de sécurité. Ils ont été interrogés pendant vingt heures.
3. (U) Les huit fonctionnaires de Sonatrach ont été mis en examen (« contrôle judiciaire » qui oblige une personne à faire un rapport périodiquement à la police et à ne pas quitter le pays). Certains ont été détenus. Meziane lui-même a été placé sous contrôle judiciaire ; deux vice-présidents ont été détenus dans la prison de Serkadji. Un autre haut fonctionnaire de Sonatrach, le vice-président pour la commercialisation Chawki Rahal, a été placé sous contrôle judiciaire. Quatre directeurs de Sonatrach (pour les affaires sociales, l’exploration, les pipelines et le transport, et la commercialisation) ont été placé sous contrôle judiciaire. Les deux fils de Meziane sont détenus – certains disent pour avoir été les actionnaires majoritaires des compagnies auxquelles la Sonatrach attribuait des contrats. Tous les efforts déployés par les avocats de la défense pour lever les détentions et les contrôles judiciaires ont été rejetés. En dehors de la Sonatrach, l’ancien Directeur Général de la banque du Crédit Populaire d’Algérie Hachemi Mehaoui et son fils ont été mis en détention.
4. (U) Abdelhafid Feghouli, vice-président des opérations en aval, a été immédiatement nommé Directeur Général de Sonatrach [NDLR : presque un an plus tard, Feghouli est sous mandat de dépôt pour corruption au sein de Sonatrach]. Les trois autres vice-présidents sous suspicion ont été remplacés. Le ministre de l’Energie/Mines Chakib Khelil, dont le ministère est responsable de Sonatrach, a affirmé lors d’une conférence de presse le 17 janvier que l’enquête l’avait pris au dépourvu et que tout ce qu’il savait était ce qui avait été rapporté par la presse. Depuis, il a refusé de discuter des allégations ou de prendre la responsabilité de l’affaire, disant le 2 février qu’il n’avait pas les détails des accusations et qu’il ne démissionnerait pas. Khelil a plaidé qu’il était responsable du secteur entier de l’énergie mais pas de la gestion de Sonatrach ou une autre des 50 compagnies d’énergie de l’Etat relevant du mandat de son ministère. Il a assuré à la presse peu après que l’affaire eut éclaté que la production de Sonatrach ne serait pas affectée et que la compagnie continuerait de mener à bien tous les projets en cours. Dans la semaine du 24 janvier, la presse a rapportée que les avocats de Sonatrach ne défendraient pas les suspects, puisque Sonatrach était la victime des fraudes qu’on les suspectait d’avoir commis.
Les producteurs étrangers inquiets
5. (C/NF) L’ambassadeur a rencontré le 27 Janvier XXXXXXXXX. La source de Meziane XXXXXXXXX lui a dit que la question à l’étude était l’attribution de contrats de Sonatrach à un fournisseur unique. Les réglements de Sonatrach spécifient des conditions strictes pour ce type de contrat (« procédure R-115). Seul le Directeur Général Meziane aurait eu le pouvoir de les autoriser et de les approuver.
6. (C/NF) XXXXXXXXX a entendu dire que 1600 contrats étaient sous enquête. Certains de ces contrats seraient passés par les fils de Meziane. Quelques années auparavant, Sonatrach avait pressé Anadarko d’entrer dans un tel contrat avec conjointement les États-Unis et la coentreprise algérienne BRC (Brown and Root-Condor) pour développer le champ pétrolier d’el-Merk. XXXXXXXXX, le contrat ne fut jamais réalisé, BRC fut liquidée, et en 2008 Sonatrach a donné le contrat el-Merk à Anadarko. XXXXXXXXX a déclaré que ce contrat ne faisait pas partie de ceux qui sont soumis à l’enquête. (Commentaire : BRC, cependant, figure dans la liste des enquêtes en cours citées dans la presse. Fin du commentaire).
7. (C/NF) XXXXXXXXX a noté qu’Abdelhafid Ferghouli, ancien vice-président pour les opérations en aval et maintenant Directeur Général par intérim, est le (désormais ex-) vice-président de Sonatrach qu’Anadarko ne connaissait pas. XXXXXXXXX doutait qu’il allait rester longtemps à la position la plus élevée. Personne ne s’attend à ce que les fonctionnaires de Sonatrach sous enquête ne retournent à leurs postes antérieurs.
Continuité des opérations de Sonatrach
8. (C/NF) L’affirmation du ministre de l’Énergie/Mines Khelil le 17 janvier que les opérations de la compagnie ne seraient pas affectées n’est pas restée incontestée. Plusieurs rapports de presse provenant d’initiés et d’experts industriels disent que la peur a paralysé les rangs supérieurs de Sonatrach, qui ont tous peur de prendre une décision. XXXXXXXXX a confirmé cette évaluation, et nous avons entendu des points de vue similaires chez les français – très préoccupés par Sonatrach puisque la compagnie pétrolière française Total est exposée ici—et d’autres diplomates. Il a dit que tous les hauts fonctionnaires, au moins au niveau des opérations en amont avec lequel il est familier, regardent derrière leurs épaules et ont peur de prendre des décisions ou de signer quoique ce soit. La compagnie ne voulait pas signer les avenants aux contrats d’assurance sur la production pétrolière XXXXXXXXX rendus nécessaires depuis les modifications du budget de 2009 (Loi des Finances Complémentaires) – contrats dont l’ancien vice-président des opérations en amont Belkacem était responsable. Sonatrach avait contacté des compagnies d’assurance étrangères pour fournir cette assurance. Maintenant, ces compagnies n’ont toujours pas été payées. Elles cesseraient d’assurer les opérations de production XXXXXXXXX pour longtemps. Si cela se produisait, le travail s’arrêterait. XXXXXXXXX a dit que les champs XXXXXXXXX constituent le plus grand projet en amont avec une participation étrangère en Algérie.
Le rôle principal des services de renseignement d’Algérie
9. (C) Tous les documents rapportent que l’équivalent algérien de la DNI [Director of National Intelligence], le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) , qui ne fait plus partie du Ministère de la Défense Nationale, a mené l’enquête. Même si la sortie du DRS hors de l’ombre et sous les feux des projecteurs est sans-précédents, son service spécial d’investigation des corruptions internes a été actif pendant des années (i.e., même aussi loin que l’ère Boumédiène [NDLR : Houari Boumédiène, président de la République algérienne démocratique et populaire de 1965 à 1978]). Le magazine « Jeune Afrique » a récemment affirmé, par exemple, que le DRS a enquêté sur 1650 élus locaux algériens (soit environ un sur dix) depuis 2002 pour corruption. XXXXXXXXX était très conscient de l’implication du DRS dans l’affaire Sonatrach et les affaires annexes, et a relaté que l’ancien vice-président Belkacem, au cours de plusieurs réunions avec XXXXXXXXX, a été extrêmement prudent dans ce qu’il disait lorsque d’autres, même du personnel de la compagnie, étaient présents. Il était très surveillé sur le téléphone. XXXXXXXXX a imputé ce comportement à l’inquiétude suscitée par la surveillance du DRS. XXXXXXXXX a confié que le DRS a interrogé beaucoup de membres du personnel local de la société XXXXXXXXX.
Ramifications politiques
10. (C/NF) XXXXXXXXX a noté que personne ne croit le ministre de l’Énergie/Mines Khelil lorsqu’il clame ne rien savoir à propos de l’enquête. La plupart croient que Khelil a guidé les opérations de Sonatrach. XXXXXXXXX a noté que ses conversations avec des initiés industriels l’ont mené à un cousin du ministre connu seulement comme Hemche, qui était un conseiller proche de l’ancien Directeur Général Meziane. Ses sources pensent que Hemche était un décideur clé, même si Meziane a réalisé les signatures. Début décembre dernier, Hemche a soudainement pris sa retraite et s’est retiré dans une résidence à Lugano, en Suisse.
11. (C) L’ambassadeur a noté qu’Alger est bouillonnante de spéculations à propos du contexte politique de ce scandale et d’autres affectant plusieurs ministères et entreprises publiques. Certains ont cru qu’il s’agissait d’une conséquence logique de l’engagement maintes fois exprimé par le Président Bouteflika de s’attaquer à la corruption. La plupart, cependant, interprètent l’action du DRS contre les hauts fonctionnaires de Sonatrach – qui doivent tous leurs emplois à Bouteflika – comme les représailles militaires via le DRS contre le contrôle civil que Bouteflika a imposé depuis sa réélection pour un second mandat en 2004.
Commentaire
12. (C) Les enquêtes contre les dirigeants des sociétés qui financent plus de la moitié du budget du pays et produisent 98% de ses recettes d’exportation ont choqué le pays et généré des spéculations rampantes sur les motivations politiques sous-jacentes. Dans un pays où les relations de pouvoir et les processus sont opaques, la spéculation est un tissu aussi dur que la preuve est rare. Un analyste de visite d’une entreprise américaine de premier plan d’analyse des risques a dit à Poloff la semaine du 31 janvier, par exemple, que tous ses contacts croient que le DRS a formé cette enquête pour envoyer un message à Bouteflika, soit pour qu’il donne aux proches des généraux principaux une plus grande part du gâteau économique, ou pour que le « clan » des Algériens de l’Ouest de Bouteflika cède le pouvoir aux militaires (que beaucoup considèrent dominés par des Algériens de l’Est), ou simplement pour que l’autorité civile dominante redonne de l’influence derrière les coulisses aux militaires. En dépit de ces théories et d’autres que nous avons entendus, nous ne disposons pas de preuves formelles pour une quelconque interprétation politique particulière. Ce qui est certain c’est que les infractions reprochées dans cette affaire de corruption peuvent ne représenter seulement que la pointe de l’iceberg – ce qui est précisément le point d’une lettre ouverte publiée à l’intention du DRS par un ancien vice-président de Sonatrach le 30 janvier dans le quotidien français « El Watan ». Cet article a exhorté le DRS de se pencher sur une liste d’opérations de Sonatrach bien plus grande, incluant les ventes sur le marché à une poignée de clients reliés aux plus hauts membres de la structure du pouvoir [de Sonatrach]. La source américaine des analyses de risques était certaine que la DRS a utilisé cet article comme un nouvel avertissement pour l’autorité civile.
13. (C) Ce cas est le dernier d’une série d’enquêtes sur la corruption, qui ont commencé à faire surface avec une fréquence croissante depuis le printemps dernier et qui est maintenant en compétition avec l’indignation des mesures de la TSA et l’échec de l’Algérie pour gagner la Coupe d’Afrique de football pour les titres de la presse quotidienne. Deux autres grands cas en cours présument des actes répréhensibles, dans la construction de l’autoroute Est-Ouest et dans l’attribution de licences de pêche à des entreprises turques. D’autres impliquent l’opérateur de téléphone Algérie Telecom contrôlé par l’État, BRC (mentionné précédemment), et la Banque Nationale d’Algérie. Peu de cas ont conduit actuellement à un procès ou une condamnation, durcissant l’opinion largement répandue que les principaux responsables politiques continuent de s’enrichir sur les fonds publics en toute impunité. Avec la présence supposée des « commissaires » du DRS dans pratiquement toutes les entreprises publiques ou ministères, les hauts fonctionnaires sont dit inquiets que chaque visiteur, en particulier non-Algérien, soit dûment constaté et signalé. Les fichiers du DRS, déjà gonflés par des décennies de saletés financières et politiques sur à peu près tous les Algériens notoires, sont dit grandissant avec des informations sur des relations d’affaires suspectes ou d’allégations de faveurs spéciales. La grande question à laquelle personne ne peut répondre définitivement est de savoir si Bouteflika orchestre cette campagne éclair anti-corruption, comme l’a clamé publiquement Ouyahia, ou s’il s’agit de son objectif ultime. Son silence, a noté la presse, n’a fait qu’alimenter les spéculations. PEARCE
(traduit de l’anglais par operationleakspin.wordpress.com)
Lire le câble orignal

1.22.2011

ALGERIA - LA REALITE ET LA SITUATION ACTUELLE EN ALGERIE


Algérie: sept policiers blessés lors d'une manifestation interdite à Alger

Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) qui avait appelé à la manifestation, a indiqué par téléphone à l'AFP qu'"il y a eu plusieurs blessés et parmi eux, le chef du groupe parlementaire du RCD Othmane Amazouz, et de nombreuses arrestations" devant le siège de son parti où ses partisans avaient rendez-vous avant la marche prévue sur le Parlement.
Certains manifestants brandissant des drapeaux algériens mais aussi parfois les couleurs de la Tunisie criaient "Algérie démocratique" ou "le pouvoir, y'en a marre", a constaté l'AFP.
Peu après, un journaliste de l'AFP a également vu le chef régional du RCD à Bejaia (260 km à l'est d'Alger), Reda Boudraa, la tête couverte de sang après avoir reçu un coup de bâton. Il a été évacué dans une ambulance avec un autre manifestant blessé.
Le député et porte-parole du RCD Mohsen Belabbes a fait état à la mi-journée de six blessés.

Maroc: deux nouvelles tentatives d’immolation par le feu

Deux hommes ont tenté de s’immoler par le feu vendredi, l’un au Sahara occidental l’autre dans le centre du Maroc, portant à trois le nombre de ces tentatives depuis les événements de Tunisie, a affirmé samedi le quotidien arabophone Assabah.
Selon Assabah, l’homme, arrivé récemment au Sahara occidental en provenance de Tindouf, où est basé le Polisario, a tenté de s’immoler à Smara mais les autorités marocaines sont intervenues et l’ont transporté à l’hôpital.
Les autorités locales contactées par l’AFP ont affirmé de leur côté que l’homme “avait menacé de se suicider par le feu, mais n’avait pas mis sa menace à exécution”.
Un témoin a précisé qu’il avait “versé de l’essence sur le sol et y avait mis le feu, mais avait été retenu au moment où il allait entrer dans le feu”. Les raisons de son geste n’ont pas été précisées.
Une autre tentative a eu lieu à Béni Mellal (centre). L’homme, âgé de 41 ans, est un marchand ambulant de 41 ans à qui les autorités avaient promis un magasin, a indiqué Assabah.
Selon les autorités locales, l’homme a demandé de l’aide aussitôt après avoir commis son geste et a étouffé le feu avec une couverture. Il a été légèrement brûlé à une main.
Il voulait bénéficier d’une distribution de tricycles motorisés dans le cadre d’un programme officiel d’aide aux petits projets locaux, a-t-on précisé de même source.
Vendredi, une autre tentative a eu lieu à Casablanca (100 km au sud de Rabat). L’agence marocaine MAP a précisé que l’homme avait tenté de s’immoler à la suite de problèmes “d’héritage”.
C’était la première tentative de suicide par le feu signalée au Maroc après les récentes tentatives d’immolation dans plusieurs pays de la région à la suite de la révolte en Tunisie.
Le 17 décembre, un jeune Tunisien, à qui les autorités avaient refusé un permis pour vendre dans la rue des fruits et des légumes, a mis fin à ses jours en s’immolant par le feu.
Sa mort a marqué le début d’une révolte populaire qui a contraint à l’exil le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans.
Plusieurs tentatives d’immolation ont ensuite eu lieu en Egypte, en Algérie et en Mauritanie.
Plusieurs tentatives de suicide par le feu ont eu lieu au Maroc en 2004, 2008 et 2010, mais sans faire de morts.
En 2010, un groupe de jeunes diplômés-chômeurs avait menacé de s’immoler par le feu à Rabat, où les pompiers avaient mis fin à leur tentative collective.

1.17.2011

Censure, filtrage, connexion lente : Pourquoi Facebook n’est pas accessible en Algérie

La tentation chinoise ou tunisienne ? Depuis deux jours, l’accès en Algérie aux réseaux sociaux Facebook et Twitter passe au compte-goutte. Des milliers d’internautes se plaignent des difficultés d’accéder à ces sites qui comptent plus d’un million d’utilisateurs aux quatre coins du territoire algérien. Les internautes s’inquiètent et redoutent une tentative du gouvernement algérien de censurer internet. Explications.

Censure ? Filtrage? Lenteur de la connexion ? Tout à porte à croire que les autorités algériennes ont décidé de verrouiller l’accès à Facebook ainsi qu’à Twitter, voire même aux sites de partages vidéo Youtube et Dailymotion, devenus de véritables instruments d’expression libre et citoyenne au moment même où l’Algérie vit les émeutes les plus graves depuis la révolte d’octobre 1988.
De nombreux témoignages d’internautes à Alger, Bejaia, Oran, Annaba, Tizi Ouzou, Ouargla, Tiaret confirment l’impossibilité, sinon la difficulté, d’accéder à Facebook et Twitter alors que tous les autres sites sont accessibles. Que les internautes se connectent du bureau, de la maison ou d’un cybercafé, qu’ils soient hébergés chez des providers publics ou privés, la problématique est la même : Facebook n’est pas accessible, ou très poussivement.
Toutefois, il convient de signaler que dans certaines régions du pays, notamment dans le sud, Facebook est accessible sans difficultés. Pour le moment. Il convient aussi de préciser que le réseau Facebook est libre d’accès dans tous les pays de la planète là où la censure ne se pratique pas.
Selon des informations obtenues par DNA, ni le CERIST (Centre de recherche sur l’information scientifique et technique) ni l’ARPT (Autorité de régulation de la poste et des télécommunications) ne sont à mettre en cause dans ce goulot d’étranglement qui assèche aujourd’hui Facebook. D’où viendrait alors le verrouillage, qui s’en charge et surtout dans quels intérêts ?
Algérie Telecom étant l’établissement qui détient le monopole d’internet qu’elle redistribue à différents providers, il est donc plus que probable que le filtrage s’opère au niveau de cet organisme public.
D’après nos investigations, des spécialistes procèdent actuellement à tests liés à l’enregistrement du flux entrant et sortant en Algérie concernant Facebook ainsi que d’autres réseaux sociaux ou de partages de vidéos (Twitter, Youtube, Dailymotion…) afin de garder une copie pour un traitement ultérieur.
Ces testes expliqueraient la lenteur du serveur à certains moments. Ces interventions se font sur les équipements de la plateforme Djaweb d’Algérie Telecom qui permettent de connecter l’Algérie à internet via la fibre optique.
Peut-on bloquer l’accès au réseau social ? Explications d’un ingénieur algérien, spécialisé dans les réseaux internet, qui souhaite garder l’anonymat : « C’est très facile. Puisque la plupart ou la totalité du trafic passe à travers Algérie Telecom, il suffit donc d’aller sur l’équipement de sortie et introduire sur le filtre les sites qu’on veut bloquer. Sur le navigateur Internet Explorer par exemple, on peut activer un filtre de blocage parental pour interdire aux enfants d’accéder à certains sites (à travers le nom) ou bien à travers des mots clés bannis. Ce que fait un père pour son enfant, le gouvernement pourrait le faire à grande échelle. » Un jeu d’enfant presque.
Objectif : pouvoir enregistrer tout ce qui s’écrit sur Facebook et sur les autres sites à propos de l’Algérie, faire un suivi des statistiques, des tracés de discussions de certaines personnes ou groupes et en garder une copie. Bref, surveiller, contrôler l’accès des Algériens à internet comme cela se fait en Chine, en Tunisie ou en Corée du Nord.
Selon une étude publiée en octobre et réalisé par deux entreprises algériennes spécialisées dans les conseils en webmarketing ( Med &Com) et des solutions logicielles ( IDEATIC), l’Algérie compterait quelque 1,2 millions d’utilisateurs de Facebook.
Le climat d’émeutes et d’incertitudes politiques dans lequel vit aujourd’hui l’Algérie, couplé à l’interruption d’internet comme outil de communication, de dialogue et de transmissions d’informations à temps réel, outil qui échappe, pour le moment, au contrôle des autorités, expliqueraient sans doute l’accélération des filtrages des réseaux sociaux.
Les autorités franchiraient-elles le pas pour censurer ces sites ? Cela n’est pas du tout exclu. « Ces interventions pourraient déboucher sur la possibilité de filtrer les sites complètement comme cela se fait dans certains pays », explique notre ingénieur.
La tentation liberticide n’est donc pas loin. Cela est d’autant plus vrai que le gouvernement algérien a fait adopter en juillet 2010 une loi portant règles particulières de prévention et de lutte contre les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication. Sous couvert de lutte contre la cybercriminalité, ce texte de loi donne ainsi autorisation au gouvernement de procéder à la surveillance des sites internet, à leur filtrage et le cas échéant à leur censure.
Onze après l’arrivée au pouvoir du président Bouteflika, celui-ci refuse toujours de procéder à l’ouverture du champ audiovisuel à la concurrence privée alors que les espaces d’expressions publics sont largement soustraits aux partis d’opposition, aux syndicats autonomes et aux associations qui n’émargent pas dans le giron du pouvoir.
Facebook et autre Twitter sont-ils désormais passés sous le contrôle du gouvernement algérien ou s’agit-il d’une opération de filtrage ponctuelle? Il est encore trop tôt de s’avancer. Deux choses sont certaines tout de même. Au soir du lundi 10 janvier, des milliers d’internautes sont privés de Facebook en Algérie. Les internautes sont en train de trouver des astuces pour contourner ce qui s’apparente à une censure.

Italie: Des Algériens paient 450 euros par mois pour vivre dans le dénuement total !

En Italie, à Parme, de nombreuses familles Algériennes avec des enfants, vivent dans des baraques louées 450 euros par mois, avec « un sol humide, sans chauffage et des égouts  bouchés » ! C’est du moins ce que

nous apprend le journal « Parma Today » qui précise que ces familles sont contraintes d’habiter dans un bidonville malsain et pollué parce que « personne ne louent des maisons à des étrangers » !
« Parma Today » rapporte également le témoignage d’un Algérien, du nom de Mohamed Hamadouche, qui vit dans des conditions inqualifiables. Résidant en Italie depuis 10 ans, cet Algérien habite une maison en ruine dépourvue de chauffage et dotée d’une installation électrique dangereuse.
« Mohamed Hamadouche a toujours exercé le métier de plombier, jusqu’à  il y a deux ans quand il a eu un accident vasculaire. Il  a réussi à survivre  grâce à la chirurgie, mais depuis, il a des difficultés à parler, à se déplacer,  et ne peut pas rester seul, alors il vit avec son frère et sa famille », écrit le journal italien qui ne manque pas de s’émouvoir d’indignation devant le parcours chaotique de cet immigré d’origine Algérienne.
Et dans le bidonville où vit Mohamed et tant d’autres Algériens, la misère plante un décor qui révulse le coeur, assure le journal italien. Pour se réchauffer, les habitants, tous des Algériens ou des Tunisiens, allument   »le feu cinq fois par jour ». « , « Les murs , la canapés et les matelas sont humides » et la nuit, lorsqu’il fait froid, personne n’arrive à dormir !
« Il y a deux ans, les inspecteurs de l’hygiène venus ici, ont dû utiliser  des bottes en caoutchouc, pour faite leur travail car les égouts ont débordé », souligne enfin « Parma Today » qui termine son reportage en nous apprenant que les contrôleurs ont déclaré « les lieux inhabitables »,  mais « malgré cela, rien n’y fait » !
source: Elwatan (Abderrahmane Semmar)

1.16.2011

SMS bloqués, censure habile, arrestations «préventives» : Pour éviter un scénario à la tunisienne, Alger panique et sort les grands ciseaux

Beaucoup d’Algériens se demandaient comment serait la réaction des
autorités algériennes par rapport à la révolution tunisienne.
Désormais, on l’a connaît : La stratégie des responsables algériens
consistent à prévenir tout effet de contagion venant de l’Est.
 Pour se faire, tous les moyens sont bons : Blocage des SMS par plages
horaires, censure habile des réseaux sociaux «Facebook» et «Twitter»,
surveillance accrue des espaces de discussion sur le Net et
arrestations «préventives» contre les opposants (syndicalistes
notamment). Ceci, en plus de la méthode classique habituelle, tel que
l’interdiction de manifester et le verrouillage de l’espace
médiatique.
Ainsi, le régime algérien, au lieu de tirer les leçons de l’épisode tunisien, où ni l’oppression et la répression, ni la censure, ni la violence n’ont pu sauver un régime ancré depuis 23 ans, a donc choisi sa voie et opté pour l’affrontement et le verrouillage de l’espace public.
Un choix absurde qui pourrait bien lui être fatal dans ce moment d’euphorie populaire. Le désespoir des Algériens a atteint son paroxysme et une révolte n’est pas à exclure.
En 48 heures, 3 jeunes chômeurs algériens se sont immolés dont l’un d’entre eux est décédé. Bien qu’étant un pays riche, l’Algérie regorge de cas comme celui de Bouazizi : Des jeunes instruits et victimes de l’injustice sociale que la déception pousse aux limites du supportable.
Pour y répondre, Alger sort les grands ciseaux et les menottes.
Dangereuse stratégie !

Un jeune tente de s’immoler par le feu à Mostaganem

Un jeune homme s’est aspergé le corps d’essence dimanche matin. Chômeur de son état, il ‘est présenté face à la direction de la sureté de wilaya pour commettre cet acte de désespoir.
C’est grâce à l’intervention d’agents de l’ordre présents en nombre que le drame a été évité de justesse. En effet, c’est au moment où le jeune homme mettait le feu à son corps, qu’il est rapidement pris en charge par des policiers qui parviendront à éviter la propagation du feu qui avait pris au niveau des jambes.
Accourus depuis leur caserne centrale, des éléments de la protection civile, distante d’une centaine de mètres du lieux de l’incident lui prodigueront les premiers soins avant de le transférer vers le service des urgences de Tigditt où il a été mis sous observation.
Âgé d’une trentaine d’années, l’homme exhibait plusieurs demandes d’embauche, ainsi que des lettres adressées à différentes administrations, malheureusement, elles sont demeurées sans suite. La police judiciaire a ouvert une enquête.
El Watan

1.15.2011

Urgent. Deux jeunes s’immolent à Jijel et Tebessa ! (+ vidéo)

Deux jeunes empêtrés dans des problèmes sociaux se sont immolés par le feu vendredi et samedi à Jijel et Tébessa. Après s’être aspergé d’essence, ces jeunes ont laissé les flammes dévorer leur corps pour exprimer leur mal-être et leur ras-le-bol contre la précarité et les injustices sociales.
Vendredi soir, à 21 H, un jeune de 26 ans, répondant aux initiales H.S, s’est immolé en plein centre-ville de Jijel, sur l’avenue Emir Abdelkhader ! Sous le choc, les passants se sont accourus pour secourir ce jeune malheureux qui a voulu en finir avec sa vie pour dénoncer la mal-vie qui le terrasse au quotidien.








Transféré par la suite à l’hôpital de Jijel, le pauvre jeune a été admis au service de réanimation et demeure jusqu’à l’heure actuelle sous surveillance médicale. Souffrant de brûlures au troisième degré, ce jeune semble hors de danger, selon des sources locales.
A Tébessa, Azzedine B, résidant dans la commune de Boukhadra, s’est immolé lui aussi pour protester, semble-t-il, contre son exclusion de son logement de fonction, a-t-on appris de sources locales qui signalent également qu’un climat de tension s’est installé dans la région à la suite de ce drame malheureux.
Abderrahmane Semmar
(El Watan)

Algérie-Tunisie: Bouteflika perd son ami Ben Ali

Pour une fois, le maître de Carthage, qui traitait ses compatriotes comme s’ils étaient des sujets corvéables à merci, affiche profil bas et quitte son pays en cachette, à l’abri des regards. Triste fin pour un homme qui se faisait «élire» par des scores brejnéviens à faire pâlir d’envie les dictateurs africains.
Son bras armé, qui a tué plus de 60 Tunisiens, n’a pas réussi à lui acheter la paix et lui obtenir un sursis. Pas plus que le sacrifice de son ministre de l’Intérieur, puis de tout son gouvernement. Le palais de Carthage, symbole de l’oligarchie à la tunisienne, s’est lézardé et son occupant depuis 23 ans est poussé à la porte de sortie. Sans gloire.
Et c’est toute l’image surfaite d’une «république stable», qui se trouve froissée à la face du monde. Une image qui vaut à la Tunisie de Ben Ali d’être citée en «modèle». Le président Bouteflika est d’ailleurs un fan de la gouvernance façon Ben Ali ; c’est-à-dire une population casernée obéissant au doigt et à l’œil au chef avec ou sans galons.
Abdelaziz Bouteflika, qui est à peu près de la même extraction idéologique – libéralisme économique doublé d’une glaciation politique – devrait être choqué par ce qui se passe chez son ami Ben Ali. Il devrait mesurer le fossé qui sépare le peuple de ce pays faussement heureux qu’il chérisse à la caste qui le gouverne. Et par ricochet, il devrait prendre conscience de son propre échec après plus d’une décennie de règne. Si le régime de Ben Ali que Bouteflika affectionne tant – mais qu’il n’a pas encore réussi à calquer en Algérie – subit un tel rejet populaire, Bouteflika devra alors tirer les conclusions. Tout comme son ami Ben Ali.
Ben Ali et Bouteflika : même combat…
Curieusement, le «modèle» vient de changer de visage au grand bonheur de nos voisins de l’Est. Les Tunisiens, qu’on a coutume de  présenter chez nous comme un peuple peureux et obéissant, écrasé sous la botte de Ben Ali, vient de donner une leçon de courage et d’engagement patriotique à tout le monde arabe. Aux Algériens surtout. Quand on voit ces foules immenses organisées et civilisées massées à l’avenue Bourguiba ou devant le ministère de la «terreur», demander à Ben Ali de se «casser», on a la chair de poule. Ironie du sort, le modèle de lutte citoyen nous vient de Tunisie. Mais c’est le bon modèle pas celui de l’asservissement et de l’humiliation populaire, imposé par Ben Ali depuis 1987 et qui charme tant notre président. Ce modèle-là est désormais honni à l’intérieur pour être exportable chez nous. En revanche, la rue, en Tunisie, qui a maintenu héroïquement la pression est en passe d’arracher des acquis démocratiques considérables, voire de déboulonner un régime en putréfaction. En Algérie, le pouvoir et ses relais s’en sortent plutôt à bon compte des dernières émeutes. Comme d’habitude…  Quelques poignées de dinars soustraites aux prix de l’huile et du sucre lui ont suffi pour «huiler» à nouveau sa machine répressive et brandir la matraque contre qui voudrait incommoder sa tranquillité
De la gestion «commerciale» d’un mal-être
Le régime a donné des Algériens une image peu flatteuse de tubes digestifs qui ne se révoltent que pour leur ventre. En clair, Bouteflika et son équipe ont réussi à «acheter» la paix en payant le différentiel des prix. Le message est limpide : ces révoltes n’ont rien de politique. Autrement dit, le régime de Bouteflika n’est aucunement visé par la vague d’émeutes qui a secoué le pays quand bien même la mèche a été allumée par son gouvernement. Au final, Bouteflika et son équipe, aidés il est vrai par une société civile «maison» et des «experts» à la petite semaine, ont réussi l’épreuve. S’agissant des dégâts, les pétrodollars qui auraient pu servir la relance économique, la vraie, iront à la reconstruction de ce qui a été détruit. La boucle est bouclée et «l’Algérie forte et digne» rentre tranquillement dans les rangs sous la conduite éclairée de son excellence…
Tant qu’il y aura l’argent, tout peut être acheté, y compris les consciences…
Mais cette gestion «commerciale» d’un mal-être social, économique, culturel et politique du pays a certainement ses limites.
Un vieux ministre de l’Intérieur, âgé de 78 ans, peut-il, en effet, comprendre les aspirations d’un jeune de 18 ans de la génération facebook et de Twitter qu’il traite de criminel ? Il y a, incontestablement, un problème générationnel dans un pays majoritairement jeune gouverné par une gérontocratie  aux allures tribales.   La chute à la Ceausescu de Zine El Abidine Ben Ali devrait servir de bonne leçon tunisienne. La volonté des peuples est inébranlable, que ce soit à Sidi Bouzid (Tunisie), à Sidi Rached (Algérie) ou à Sidi Ifni (Maroc). Le Maghreb des peuples commence visiblement à se libérer des carcans autoritaires qui l’enserrent. La Tunisie a déjà entamé son printemps démocratique et proclame haut et fort l’automne de la dictature.
source: Elwatan

1.14.2011

Tunisie : Ben Ali a quitté le pays, le Premier ministre assure l'intérim

Par RFI
Dans une allocution diffusée par la télévision tunisienne, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi a annoncé vendredi 14 janvier 2011 au soir assurer l'intérim de la présidence, en remplacement de Zine el-Abidine Ben Ali qui a déjà quitté le pays.








« Conformément à l'article 56 de la Constitution, j'assume à partir de cet instant la charge de président par intérim », a annoncé Mohammed Ghannouchi, 69 ans. Le président par intérim s'exprimait depuis le palais présidentiel de Carthage, entouré par le président de la chambre des députés, Fouad Mebazaa et celui de la chambre des conseillers (équivalent du Sénat), Abdallah Kallal. Un peu plus tôt dans la journée, alors que plusieurs milliers de manifestants étaient violemment dispersés dans le quartier du ministère de l'Intérieur, devant lequel les blindés de l'armée prenaient place, le président Ben Ali limogeait le gouvernement et décrétait l'état d'urgence dans l'ensemble du pays. L'armée prenait alors le contrôle de Tunis et l'espace aérien était fermé.
C'est ensuite que l'on a appris la fuite du président Ben Ali, confirmée de source gouvernementale. Deux questions peuvent maintenant être posées : la première consiste à savoir où se trouve le président Ben Ali, et la seconde tient à vérifier si ce départ va ou non calmer la colère du peuple tunisien.

1.10.2011

Algérie: l'Etat reprend la main, la vie se normalise après les émeutes

Les services publics ont rouvert lundi en Algérie où le gouvernement a ordonné une baisse des prix sur les aliments de base dont la flambée a provoqué plusieurs jours d'émeutes violentes, sans qu'elles ne soient répercutées pour le moment par les petits commerçants. Les commerces ont également ouvert leurs portes dans l'ensemble du pays lundi tous comme les écoles, bien que certaines d'entre elles ont subi d'importants dégâts, selon plusieurs témoignages, après ces incidents qui ont fait cinq morts, 800 blessés et conduit à plus d'un millier d'arrestations.









Le ministre de l'Intérieur Dahou Ould Kablia a déclaré dimanche à l'AFP que "la page était tournée", en dépit de la persistance de quelques incidents épars dans le pays.
Après cinq jours d'émeutes, les autorités ont "commencé à réparer ce qui est réparable, en priorité les écoles et tous les établissements publics", a déclaré dimanche le ministre de l'Intérieur, jugeant que les dégâts provoqués par les manifestants sont "immenses".
Selon la presse lundi, quelque 70 institutions scolaires ont été endommagées. Toutefois, la reprise "normale" des cours a pu se faire dès dimanche, selon une source du ministère de l'Education citée par El Watan.
De nombreux bâtiments officiels ont été saccagés, sinon incendiés mais le bilan de ces destructions n'est pas encore connu, tandis que de nombreux commerces ont été pillés.
Les casseurs ont toutefois commencé à rencontrer de la résistance parmi la population, selon de nombreux témoignages, et l'un des cinq morts a été un homme de 36 ans tué par balle alors qu'il tentait de protéger le dépôt de boissons alcoolisées de son père à Tiaret, à 340 km à l'ouest d'Alger.
Les arrestations se sont poursuivies dimanche atteignant le chiffre de 1.100, selon des sources officielles.
Les adolescents devaient être rapidement libérés et leurs parents convoqués. Les plus âgés risquent jusqu'à deux ans de prison s'ils sont coupables d'"atteinte à l'ordre public, vol et destruction de biens publics et privés", selon le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, Noureddine Benyessad.
Dans la foulée d'un conseil interministériel qui s'est engagé sur une baisse des prix, le ministre du Commerce Mustapha Benbada s'est réuni d'urgence dimanche avec les opérateurs économiques pour leur demander de réaliser au plus vite cette promesse.
Leurs discussions ont notamment débouché sur la fixation officielle des prix de deux produits phare: le sucre et l'huile. Le prix du kilo de sucre est dorénavant fixé à 90 dinars (DA, environ 0,90 euro), alors qu'il avait atteint au 1er janvier 120 à 140 DA, et le bidon de cinq litres d'huile à 600 DA (quelque 6 EUR) contre 900 à 1.000 en pleine flambée des prix.
Mais il faudra encore du temps avant que ces baisses ne se répercutent chez les détaillants qui affichaient lundi les mêmes prix élevés sur l'huile et le sucre, selon une rapide enquête de l'AFP.
"Nous avons presque écoulé la totalité de notre stock d'huile durant les quatre jours d'émeutes", a déclaré la patronne d'une supérette aux étals d'huile vides. "J'ai lu dans la presse que les prix vont baisser mais j'attends toujours de voir les tarifs que vont fixer les grossistes", a-t-elle précisé.
Pendant les émeutes, les approvisionnements ont en effet cessé, les transporteurs ayant eu peur d'être attaqués par les manifestants qui dénonçaient la vie chère.
En Algérie, pays très riche en hydrocarbures, le salaire minimum garanti est de 15.000 DA (environ 150 euros) mais la moyenne des salaires oscille autour de 25.000 DA, soit le prix d'un simple réfrigérateur ou le loyer d'un appartement de deux pièces à Alger.

1.09.2011

Facebook inaccessible à partir de l’Algérie

    
Le site du réseau social «Facebook» est inaccessible depuis plus de deux heures à partir de l’Algérie. Les internautes DZ se sont précipitamment orientés vers «Twetter» pour s’informer sur la situation. Tous s’accordaient à dire que «Facebook» restait injoignable. Une coupure intrigante d’autant plus qu’elle ne concerne pas tout le réseau social. Nous y reviendrons.

Alger annonce un 4e mort dans les émeutes, 800 blessés et un milier de manifestants arrêtés et bientôt jugés

4 émeutiers sont morts, 800 personnes ont été blessées et un millier de manifestants ont été arrêtés et doivent être jugés.

Les Algériens tentaient dimanche de reprendre une activité normale après un week-end d’émeutes contre la vie chère ayant fait 4 morts auxquelles le gouvernement a répondu dans l’urgence par des mesures destinées à juguler la flambée des prix des denrées alimentaires de base.




De violentes manifestations ont secoué l’Algérie depuis mercredi.
Malgré les appels au calme des autorités et de plusieurs imams, les heurts se sont étendus dans l’est du pays et en Kabylie. Les émeutes qui secouent l’Algérie depuis le 5 janvier ont fait 4 morts, plus de 800 blessés et un millier d’arrestations, selon un bilan du ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, cité dimanche dans la presse.
826 personnes ont été blessées dont 763 policiers, selon le ministre qui a aussi annoncé un millier d’interpellations dans les rangs des manifestants. Les personnes arrêtées dont de nombreux mineurs, devaient commencer à être présentées devant les juges dimanche. Leurs actes “ne resteront pas impunis”, a assuré M. Ould Kablia. Certaines répondront des chefs d’”incendie volontaire” et de “coups et blessures ayant entraîné la mort”, selon un avocat interrogé par l’AFP, Rachid Menadi.
Quatre morts depuis vendredi
Un jeune homme de 18 ans a été tué vendredi dans des affrontements dans la région de M’Sila, (sud-est d’Alger), a annoncé samedi le quotidien arabophone Elkhabar. Un manifestant de 32 ans est mort vendredi lors d’une manifestation à Bou Smaïl (à l’ouest d’Alger), dans des affrontements avec la police. La troisième personne, décédée à Tidjelabine (Boumerdès), a été retrouvée brûlée dans un hôtel incendié par les émeutiers, a indiqué samedi soir le ministre de l’intérieur Dahou Ould Kablia. Un jeune homme a été tué par balle samedi soir dans la région de Tiaret, à (ouest d’Alger), alors qu’il tentait avec son père de protéger leur bar contre des casseurs, a-t-on appris dimanche.
A Alger, dans le quartier populaire de Belouizdad, des groupes de jeunes ont affronté avec des pierres et des bouteilles des policiers déployés en masse et lourdement armés, selon les correspondants de l’AFP. La police a riposté avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes. La Ligue nationale de football a elle reporté l’ensemble des matches à titre préventif.
A Annaba, épargnée jusque-là par la contestation, de violents incidents ont éclaté après la prière du vendredi dans le quartier populaire dit “gazomètre”. Des centaines de jeunes ont lancé une pluie de pierres contre les policiers déployés depuis la veille. Les échauffourées ont ensuite gagné la cité voisine des Lauriers-roses et les manifestants ont coupé avec des barricades la principale artère qui mène vers le Centre hospitalier universitaire d’Annaba. 17 personnes ont été blessées, lors des affrontements.
A Oran, où plusieurs édifices publics avaient été saccagés mercredi, les affrontements ont repris vendredi après-midi dans le quartier du Petit-Lac.
A Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie (est), de violents heurts ont opposé des jeunes du quartier des Genêts et des policiers qui ont fait usage de grenades lacrymogènes, selon des habitants.
Réunion du gouvernement samedi
Le gouvernement algérien a annoncé samedi soir une série de mesures pour faire baisser les prix du sucre et de l’huile dont la flambée a provoqué des émeutes. A l’issue de plusieurs heures de réunion interministérielle autour du Premier ministre Ahmed Ouyahia, le gouvernement a annoncé l’exonération à titre temporaire de 41% des charges imposées aux importateurs, producteurs et distributeurs d’huile et de sucre.
Dans son communiqué, le gouvernement précise qu’il “attend des producteurs et des distributeurs d’en répercuter en urgence les effets sur les prix de vente aux consommateurs” dans ce pays considéré comme un important acheteur de produits alimentaires.
Un groupe de travail d’officiels et de producteurs a aussi été créé sur la question des marges. Les prix des produits de première nécessité comme le sucre, l’huile, la farine et les céréales ont enregistré depuis le début de l’année une forte augmentation de 20 à 30%.
Le ministère du Commerce avait réitéré mercredi la volonté de l’Etat de poursuivre sa politique de subvention des prix des produits de première nécessité. Il affirme que les hausses de ces derniers jours dont dues notamment à “l’augmentation des cours sur les marchés mondiaux et à l’exagération des marges bénéficiaires pratiquées par certains commerçants”.
Une jeunesse en grande difficulté
Depuis plus d’une semaine, de petits groupes de jeunes dénoncent avec plus d’intensité un peu partout dans le pays ce qu’ils appellent leur “mal-vivre”, que ce soit faute d’emploi – plus de 20% des jeunes sont chômeurs – ou faute de logements. Les trentenaires qui constituent 75% des 35,6 millions d’Algériens, dénoncent aussi pêle-mêle la cherté de la vie, les passe-droits et la corruption. Le site du consulat de France a recommandé la plus grande vigilance à ses 23.000 ressortissants de la wilaya d’Alger.
(France 2)

1.08.2011

Les médias algériens annoncent deux morts durant les émeutes

Un conseil interministériel doit se pencher, ce samedi, sur les émeutes qui ont éclaté dans de nombreuses villes d'Algérie entre jeunes manifestants et policiers. Au moins deux personnes ont été tuées durant des échauffourées, vendredi.
Alors que les affrontements entre jeunes manifestants et policiers se sont multipliés ce vendredi dans plusieurs villes d'Algérie, un conseil interministériel devait se tenir ce samedi pour examiner la situation alarmante dans le pays. Le ministère de l'Intérieur annonce que deux personnes ont été tuées et 300 policiers blessés au cours des quatre derniers jours.
Un homme est mort vendredi dans la ville de Bou-Ismail, située sur le littoral à 50 km à l’ouest d'Alger, dans la wilaya (préfecture) de Tipaza. Le manifestant, âgé de 32 ans, serait décédé après avoir reçu une grenade lacrymogène en pleine figure, selon une source médicale citée par l’AFP.
À 300 km au sud-est d’Alger, dans la région de M'Sila, un jeune homme de 18 ans a été tué par balle. Selon le quotidien arabophone "El Khabar", la police tentait de repousser des manifestants qui avaient réussi à pénétrer de force à l'intérieur de la poste et de la daira (sous-préfecture) de la localité d’Ain el-Hadjel.
"La police n’avait pas fait usage de balles réelles, jusqu’à maintenant, rapporte Kamal Zait, correspondant de FRANCE 24 à Alger. La nuit dernière a été très agitée. Les jeunes ont encore investi les rues pour protester contre le coût de la vie, le chômage et les problèmes sociaux. La situation est de plus en plus critique, et la police semble dépassée par la tournure que prennent les événements. Certains commencent à réclamer les solutions prévues par la Constitution dans des cas similaires", à savoir l’état d’urgence ou l’état d’exception.

Deux ministres montent au créneau
Les autorités sont sorties de leur silence depuis vendredi, pour tenter de calmer une situation qui dégénère depuis le milieu de la semaine. Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a promis la tenue ce samedi d’un conseil interministériel destiné à trouver des solutions à la hausse de prix des produits de première nécessité à l'origine de ces émeutes.
"Ce qui est scandaleux, c’est que c’est un conseil qui vient en retard", s’insurge Fodil Boumala, écrivain et journaliste, joint par FRANCE 24. Cela fait plusieurs jours que les émeutes sont là et que le gouvernement est absent. Et aujourd’hui, leur angle d’attaque est faux : ils veulent donner une lecture socio-économique aux protestations. Or la crise est plus profonde que les revendications sociales. Elle est une affaire politique."
De son côté, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, a appelé les jeunes manifestants à "dialoguer de façon pacifique et civilisée", à "réfléchir et à voir tout ce qui a été réalisé en Algérie en un laps de temps quand même record". La violence "n'a jamais donné des résultats, ni en Algérie ni ailleurs, et cela nos jeunes le savent", a affirmé le ministre lors d'une visite à Constantine, dans le nord-est du pays. Lors de la grande prière hebdomadaire, plusieurs imams d'Algérie ont également appelé au calme.

Extension du mouvement de protestation
Après deux nuits d'émeutes, les affrontements entre jeunes manifestants et forces de l'ordre ont pris une tournure violente en début d'après-midi vendredi. "Depuis jeudi, des rumeurs circulaient sur le fait que ce vendredi, premier jour du week-end, serait la journée de la colère, raconte Kamal Zait. Il n'y a finalement pas eu de grandes émeutes, mais juste après la grande prière, des routes ont été barrées dans le quartier de Belcourt [un quartier populaire d'Alger, ndlr]. Des jeunes en colère ont jeté des pierres sur les policiers."




Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants algérois. "On parle de dizaines de blessés par les policiers et les dégâts matériels sont très importants, ajoute le correspondant de FRANCE 24. Il y a des saccages et des pillages de biens publics et privés."
Les affrontements ont également éclaté à Annaba, dans la banlieue d'Alger. En milieu d'après-midi, des centaines de jeunes ont attaqué des policiers en leur jetant des pierres. Ces échauffourées se sont ensuite étendues à la cité voisine des Lauriers-Roses.
À Oran, métropole de l'ouest algérien, les affrontements ont repris vendredi après-midi dans le quartier périphérique du Petit-Lac. Mercredi soir, plusieurs édifices avaient été saccagés. Des quartiers de Tébessa, à la frontière tunisienne, de Tizi Ouzou, en Kabylie, de la ville de Béjaïa, à 250 km à l'est d'Alger, ou encore les localités voisines de Tazmalt et Sidi Aïch, ont également vu éclater des émeutes.
Pour minimiser le risque d'une contagion des émeutes, la Ligue nationale de football a reporté tous les matchs programmés ce week-end. L'envoi de messages a également été bloqué sur tous les réseaux de téléphone mobile pour éviter qu'informations et rumeurs ne se propagent, assure notre correspondant Kamal Zait.


1.06.2011

Le dialecte djidjelien

Voici en bref, l’historique du dialecte Djidjelien d’après l’auteur Philippe Marçais.
A vous, cher(e)s internautes d’apporter vos remarques et critiques sur cet article.
A vos "claviers" !

Le dialecte djidjelien est un dialecte arabe algérien parlé dans la wilaya de Jijel, au Nord-est du pays. Parlé aussi (mélangé) au nord de la wilaya de Mila et à l'ouest de la wilaya de Skikda.

Il se distingue par une prononciation aigüe des lettres « qaf » et « kaf », ainsi que par l'élimination de nombreuses consonnes arabo-berbères lourdes telles que le « dh » et le « th » et par l'usage des particules « ḥa » (un, une), « di » (de), « d » (c'est, ce sont) et « ka » (modal placé devant les verbes au présent) et contient de nombreux emprunts au Berbère ainsi que quelques emprunts à l'Italien et au Turc.
Il fait partie des dialectes arabes maghrébins pré-hilaliens, c'est-à-dire issus de la première vague d'arabisation survenue aux cours des VIIe et VIIIe siècle et était autrefois parlé dans tout le triangle Constantine-Collo-Jijel bien qu'il ait bien régressé depuis au profit des dialectes hilaliens (issus de la deuxième vague d'arabisation, celle survenue au cours du XIe siècle et caractérisés entre-autres par la prononciation du « q » en « g » ) et il n'en subsiste que quelques traces imperceptibles dans le dialecte constantinois.
Histoire et origines
Suite à la première conquête musulmane du Maghreb au VIIe siècle, quatre centres urbains ont émergé : Kairouan, Constantine, Tlemcen et Fès et chacun de ces centres était relié à deux ports sur la méditerranée (Collo et Jijel dans le cas de Constantine) et c'est au sein de ces quatre triangles (ville intérieure / port / port) que les premiers parlers arabes maghrébins se sont développés, dialectes qu'on appelle aujourd'hui pré-hilaliens (car ils datent d'avant l'arrivée des Banu Hilal au XIe siècle) et qui partagent plusieurs caractéristiques communes, notamment la confusion des genres à la deuxième personne du singulier (nta, nti ou ntina utilisés pour les deux sexes), le remplacement des consonnes Arabes interdentales (prononcées avec la langue entre les dents, comme « th », « dh », etc.) par des consonnes plus légères, l'altération du « t » en « ts » ou « tch », et l'usage de modaux devant les verbes au présent (ta, ka, ku, etc.) afin de différencier le présent du futur (les deux temps ont la même conjugaison en Arabe).
Les Orientaux venus au VIIe siècle étaient des citadins, ils se sont installés à Constantine, Collo et Jijel et leur langue s'est propagée parmi les Berbères le long des axes reliant ces trois villes entre-elles, où elle s'est enrichie de mots et de phonétique berbères. En revanche, les Arabes nomades (les Banu Hilal, Banu Sulaym..etc) entrés au Maghreb au XIe siècle n'ont pas pénétré en petite Kabylie (région de Jijel et de Collo) du fait qu'elle soit une région montagneuse, densément peuplée et de climat inapproprié à leur mode de vie bédouin entre autres raisons, ça a permit à la région de conserver son dialecte pré-hilalien, et durant les siècles qui suivirent c'est l'enclavement géographique de la petite plaine de Jijel, entourée de montagnes et difficile d'accès, et donc la faiblesse des contacts avec l'intérieur du pays qui a permit de préserver le dialecte djidjelien des influences hilaliennes des hauts-plateaux.
Les dialectes pré-hilaliens des wilayas de Jijel et de Tlemcen ainsi que ceux du Maroc subsistent à ce jour et sont toujours très similaires les uns aux autres, contrairement à ceux de Kairouan et de Constantine qui ont maintenant pratiquement disparu, remplacés par des dialectes hilaliens, dialectes qui sont aujourd'hui parlés dans la majeure partie de l'Algérie, de la Tunisie, de la Libye, du Sahara occidental et de la Mauritanie (en revanche les dialectes marocains sont des mélanges des deux genres mais avec une part pré-hilalienne non négligeable).

Sources :
- Philippe Marçais, Le parler arabe de Djidjelli (Nord constantinois, Algérie), Paris, Librairie d'Amérique et d'Orient (Publications de l'Institut d'Études Orientales d'Alger, XVI), 1952, 648 p.
- Philippe Marçais, Textes arabes de Djidjelli. Introduction. Textes et transcription. Traduction. Glossaire, Paris, Presses Universitaires de France (Publications de la Faculté des Lettres d'Alger, XXVI), 1954, 240 p.

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Le dialecte Djidjelien - Ses particularités -

Cher(e)s internautes, je vous soumets ce deuxième article qui traite des particularités linguistiques du dialecte Djidjelien par rapport à tous les autres dialectes algériens. Cette particularité est la conséquence d’un brassage entre les langues berbère millénaire, arabe des citadins pré-hillalien (VIIe et VIIIe siècle), Italienne (Génoise et Pisane), Espagnole, Turque et plus récemment Française.

Texte proposé et adapté par Noufi

1- Prononciation
Le dialecte djidjelien possède une certaine phonétique (accent) qui lui est propre, qu'on ne peut malheureusement transmettre ici par écrit. Il possède aussi une prononciation altérée de certaines consonnes de l'arabe algérien et en voici les principaux exemples:
- le dhal (ﺫ) est prononcé dal (ﺩ), exemple : dib : loup.
- le dhad (ﺽ) est prononcé Ta (ﻃ), exemple : mrit : malade.
- le tha (ﺙ) est prononcé tsa (ﺗﺲ), exemple : tsum : ail.
- le ta (ﺕ) est prononcé tsa (ﺗﺲ) exemple: tsmer : dattes.
- le Dha (ﻈ) est prononcé Ta (ﻃ), exemple : nwater : lunettes.
- le V issu des mots français est transformé en B, exemple : serbita : serviette.
- le qaf (ﻕ) est prononcé kaf (ﻙ).
- le kaf (ﻙ) est très accentué (différent du kaf tel qu'il est prononcé dans d'autres régions) et par endroits prononcé tcha.
- le L est éliminé lorsqu'il précède un B et ce B est renforcé, exemples : « chien » se dit « kebb » et non « kelb », cœur se dit « qebb », « la porte » c'est « ebbab » et non « el bab », la mer c'est « ebbhar », etc.
- le L est également éliminé lorsqu'il précède un M, et ce M est renforcé, exemples : « l'eau » se dit «emma» et non «el ma», « la mort » se dit «emmout», « la femme » c'est «emmra», etc.
- enfin, le L est aussi éliminé lorsqu'il précède un Q et ce Q se dédouble, comme pour les cas précédents, exemples : « la bouteille » se dit «eqqerεa» au lieu de «el qerεa», « le cœur » c'est «eqqebb».Etc.
S'agissant des voyelles, certaines sont souvent modifiées, comme le son "ou" qui est éliminé dans beaucoup de mots, exemples: "pain" se dit "khebz" et non "khoubz" , "logement" se dit "sekna" au lieu de "soukna"..., et les terminaisons possessives "koum" et "houm" sont toujours prononcées "kem" et "hem", exemples: "leur maison" se dit "darhem" et non "darhoum" , "votre pays" se dit "bladkem" , "où êtes vous?" : fayen rakem? , etc.

2- Mots interrogatifs
Mais ce qui est typiquement spécifique à Jijel, ce sont les mots interrogatifs. On ne les retrouve pas dans cette forme dans les autres dialectes semblables ni à Tlemcen ni au Maroc et même pas aux environnants proches de Jijel, en voici la liste complète:
Diyyech? Quoi?
Dechdi? Qu'est ce que?
Kifech? / kich? Comment?
Dama? Quel? / Quelle?
Dama hua? / dama hia? Lequel? / Laquelle?
Qeddech? Combien?
Fayweq? Quand?
Ɛliyyech? Pourquoi?
Menhu? Qui?
Fayen? Où? (à quel endroit?)
Layen? Où? (dans quelle direction?)

3- Conjugaison des verbes et modaux
La conjugaison dans ce dialecte se distingue de la conjugaison dans le reste de l'arabe algérien par deux caractéristiques principales: la confusion des genres (masculin et féminin) à la deuxième personne du singulier et l'usage de modaux devant les verbes au présent.
Traditionnellement à Jijel on dit "nta" pour un homme ou une femme et on s'adresse aux deux sexes au masculin. Et même si certains disent maintenant "nti" pour une femme, la conjugaison quand à elle, reste au masculin, exemples: nti jit (tu es venue), nti klit, nti khdemt.., nti ku techri (tu achètes), nti ku tetmeskher, nti kul (manges!), nti eqra (lis) ... etc.
L'autre caractéristique importante de ce dialecte est bien sûr l'usage d'un modal devant les verbes au présent, ce modal est différent selon le pronom personnel, il prend la forme de Ku (prononcer Kou) à la première et à la deuxième personne du singulier et du pluriel et la forme Ka à la troisième personne du singulier et du pluriel.
Illustration avec le verbe "manger":
Ana ku nakel, Hna ku naklu
Nta ku takel, Ntuma ku taklu
Hua ka yakel, Huma ka yaklu
Hia ka takel

Enfin, le verbe être dans sa conjugaison simplifiée n'a pas la même forme que dans l'arabe algérien le plus répandu qui est de la forme : ani, ak, aki, aw, ay, ana, akum, am), en djidjelien il est encore plus simplifié puisqu'il prend la forme "aw" à toutes les personnes sauf pour hia et huma.
Illustration avec l'adjectif "grand":
Ana aw kbir, Hna aw kbar
Anta aw kbir, Ntuma aw kbar
Nti aw kbira, Huma am kbar
Hua aw kbir
Hia ay kbira

4- Adjectifs à base verbale
Le adjectifs, contrairement aux verbes, sont toujours féminins pour les femmes et masculins pour les hommes, comme dans le reste de l'arabe algérien, ainsi pour une femme on dit "nti mliḥa" ou "nta mliḥa" et pour un homme on dit "nta mliḥ"; de même pour les adjectifs qui ont une base verbale (basés sur un verbe) et qu'il ne faut pas confondre avec des verbes, la règle de conjugaison du féminin en masculin à la deuxième personne du singulier ne s'applique donc pas à eux, exemples: nti rayḥa , nti kheddama , nti jayya , ..Etc.

5- Particules « ḥa », « d » et « di »
La particule " ḥa " (ﺣﺎ) signifie «un» ou «une», elle est issue du mot arabe « waḥed» qui signifie le nombre «un», elle est utilisée dans le dialecte djidjelien et dans d'autres dialectes préhilaliens comme le tlemcenien, et le plus souvent le "a" n'est pas prononcé pour faire la liaison, exemples: ḥ'errajel : un homme , ḥ'emmra : une femme , ḥ'el khedma : un travail, ..etc.
- La particule "d" signifie "c'est" ou "ce sont", elle sert à introduire une personne ou un objet, elle est issue du Berbère Kabyle où elle est prononcée "dh" (ﺫ) mais avec la prononciation djidjelienne c'est devenu un "d" (ﺩ), exemples: aw d ana : c'est moi, aw d Hakim : c'est Hakim, ay d ḥ'ebblad : c'est un pays, etc.
- La particule "di" signifie "de", elle exprime la propriété, elle est probablement un diminutif de "dial", préposition qui exprime la propriété dans la plupart des dialectes préhilaliens et les anciens dialectes citadins; à Jijel "dial" n'est utilisé que pour dire "le mien" "le tien".etc. (diali, dialek, dialhem..etc) pour le reste c'est "di" qui est utilisé. Exemples: eddar di baba : la maison de mon père, ettriq di Bjayya : la route de Béjaia ..., une deuxième hypothèse donne à ce "di" une origine italienne, puisque la région a longtemps été sous l'influence des républiques maritimes italiennes (Pise et Gênes).

6- Quelques exemples de mots berbères
Akayess, Assalal, Afoulez, Azremtiwen, Addis, AchaƐchouƐ, Agheryan, Aghenja, yed’hem, herres, tabsi, Ɛssas, chlaghem, charef, fertas, guezzana, guerbi, hallouf, mach’hah, Ɛkaaz, hetref, kelleh, Ɛggoun, bekkouch, hawèss, neguezz, berra, boufekrène, bellarèj…

7- Des mots d’origine italienne :
- Etjarnite : Giornatta – journée, qui veut dire le travail journalier
- Ezzabla : la sbaglia ou faute
- Ekmedja : Camigia ou chemise
- Le préfixe « Di » comme la casa DE mi padre ou Eddar Di baba (maison de mon père)
- Esskala : la scala ou escale/port

8- Des mots d’origine espagnole :
- Bhouhou : El buha (le « u » se prononce « ou » en espagnol), le hibou
- Babaghayou : la pagayo ou le perroquet

9- Des mots d’origine turque :
- El lamba : lamba ou la lampe
- Bachmak : pasmak (le « s » se prononce « Ch ») ou les claquettes

Randonnée historique De Constantine a Settara,en passant par El-Milia

Randonnée historique De Constantine a Settara,en passant par El-Milia
 
 Dans le cadre de connaître et faire connaître notre ville ,ses régions , la beauté de sa nature vierge , mais aussi son histoire révolutionnaire , El-Milia Citµ , Vous propose une randonnée historique (En Photo), De Constantine a Settara (Ville frontalière -Jijel/Skikda), en passant par El-Milia - Wilaya de Jijel.




Le 23 avril 2006 a 8h30 on démarrent de Constantine à travers la RN 21 on passait par Chaabat El Medbouh, le branchement de Tiddis, le café maure de L'oued Smendou, Grarem Gouga, puis Beni Haroun où le plus grand barrage d'Algérie d'une capacité de 960 millions de mètres cubes, avec un très beau pont suspendu qui passe à coté de la géante digue, un chef d'œuvre grandiose, on continue à travers les gorges de Beni Haroun, Sidi Maarouf, Bellara et puis El Milia.

Sidi Maarouf, route d'El Milia

Gorges de Béni Haroun, route d'El Milia

A El Milia on profite que ça sois le marché hebdomadaire ce jour de Mardi, alors on fait un tour dans le marché j'ai constaté que rien n'était particulier, enfin c'est comme le marché hebdomadaire de Constantine (El Khroub) parce que certains marchands sont les mêmes, puisque, il s'agit de marchands ambulants, après environ une heure dans le marché, nous continuons la route vers Settara (ex-catina) puis en prend la route de Beni Sbih.

Le versant Nord de Djebel Msid Aicha vue de Beni Sbih, El Mila

Après une heure et demi de marche sur une chaussée complètement mauvaise mais en réfection nous arrivons à la mechta Lahdifa au pied de l'ancienne et l'originale Settara où s'est déroulée une grande bataille du 26Avril jusqu'au 03 mais 1958 (selon la dépêche de Constantine).


Mechta Lahdifa, Beni Sbih,El Milia

En arrivant à la petite mechta de Lahdifa (36,39',25''.16N / 6,28'',17'.69E /588m d'altitude), les enfants de l'école primaire s'approchent de nous par curiosité, Je me suis dirigé vers le café de la mechta où j'ai rencontré des jeunes, deux jeunes se sont porté volontaire pour nous guider jusqu'à l'ancienne Settara, la montée était d'une dénivelée de 220 mètres donc très épuisante dans un décors de vergers et d'olivier puis en haut en chêne liége et un sous boit très riche, après une heure et demi de marche on arrive aux ruines de l'ancienne mechta de Settara qui était autrefois composée d'environs 50 maisons, un peu plus haut sur la crête de la colline se trouve le cimetière des chouhadas de cette grande bataille (36',38'',57''.26 N/ 6,27',34'.24 E / 805m altitude), la colline d'un terrain accidenté fortement boisé de chêne liège contient plusieurs casemates naturelles, elle était le quartier générale du commandement ALN/FLN de la wilaya 5 a cet époque.

Maquis de la bataille de Settara, El Milia
 
La région a été théâtre d'une grande bataille de l'histoire d'Algérie et considérée la deuxième plus grande du coté des pertes de l'armée française. Le 26 Avril 1958 le lieu a été attaqué par l'armée française, l'aviation, l'artillerie et les fantassins qui encerclent toute la région, les Moudjahidines étaient aguerris et bien retrancher dans la foret, ils ont approuvé une résistance farouche pendant plusieurs jours et ont donné une leçon sévère a l'ennemie français ils ont abattu 2 avions et tuer et blesser 1100 soldas français, alors que 120 Moudjahids et 350 civiles de la mechta sont tombés en martyres. Le cimetière des Chouhadas a été fait sur le même endroit de la bataille, sur la stèle érigée à cet événement la liste des dizaines de Chouhada ,des femmes , enfants et vieillards.Cimetière des chouhadas de la bataille de Settara

Stèle de la bataille

Stèle des chouhadas

On a pus voir les carcasses et moteurs d'avions abattus, les cratères des bombes, les rochets criblés de balles, les semelles des chaussures des chouhadas, des bombes entière de plus d'un mètre de hauteur, des fragments de roquettes et de bombes, l'émotion était très grande d'être sur le champ de bataille avec tout ce décors presque intacte et de constater l'héroïsme de nos ancêtres qui ont tracer avec leur sang notre glorieuse histoire.

Les moteurs des avions abattus

Les carcasses des avions abattus

Les Bombes non explosées de la bataille
Les semelles des chaussures des chouhadasFragment d'une roquette

Je dois noter aussi le sérieux et l'intérêt avec lesquels les deux jeunes guides nous racontait l'histoire de la bataille, des jeunes hommes bien fiers de l'histoire et des héros de leur pays, c'est rare de trouver des jeunes pareils,ce qui ma toucher aussi c'est de constater que notre révolution a été menée par des moujahidines souvent très jeunes entre 19 et 30 ans qui combattirent avec courage et sans relâche, beaucoup d'entre eux ont donné leurs sangs et leur âmes pour que l'Algérie soi libre.

La foret de chaîne liége a Settara

le Sud du massif de Collo Vue de Beni Sbih, El milia
 
Pour la descente a la mecheta nos deux guides nous emmènent à travers la foret, la descente était plus facile que la montée, le paysage est formidable, a notre arrivée on trouve des jeunes réunis autour d'un vieux qui distribue des cartouches pour aller à la chasse du sanglier qui est très présent dans la région.

Remerciements: je remercie encore les jeunes Adel et Radouan , les anciens moujahidines de Lahdifa pour leur assistance et hospitalité.